Article mis à jour le 6 Nov 2022
Dans les années 1970, le blaireau a payé un lourd tribu suite aux campagnes de gazage des terriers visant le renard, vecteur de la rage vulpine. Depuis l'arrêt de ces opérations au début des années 80 et la vaccination antirabique pratiquée au moyen d’appâts, les populations sont en augmentation. Il occupe pratiquement tout le Sud du pays. Au Nord du sillon Sambre-et-Meuse, sa présence reste néanmoins encore sporadique, sauf dans le Sud-est du Limbourg et la basse vallée du Geer.
Sa physionomie
Le blaireau appartient à la classe des Mammifères, à l’ordre des Carnivores et à la famille des Mustélidés dont il est le plus grand représentant. Son nom scientifique est Meles Meles. Sa taille varie entre 70 et 90 cm pour une hauteur au garrot de 30 cm. Son poids est de 12 à 20 kg en fonction des saisons.
Sa particularité réside dans la coloration de sa tête. Elle est blanche, allongée, parcourue par deux bandes longitudinales s'élargissant vers l'arrière en passant par les yeux et les oreilles, dont le pourtour est blanc. Le dos et les flancs sont gris clair, tandis que le ventre, la gorge, le menton et les pattes sont noires. La queue est courte et touffue. Le dessus du crâne porte une protubérance caractéristique de l’espèce, la crête sagittale.
Ses pattes courtes et puissantes, pourvues de 5 doigts munis de puissantes griffes, servent au creusement des terriers et à l’évacuation des déblais.
Il creuse, il creuse, le blaireau...
Le blaireau possède plusieurs terriers sur son territoire, dont un principal occupé toute l’année. Il s’installe de préférence dans des bois de feuillus ou des sapinières, voire même dans des bosquets ou des haies vives.
Le choix de l’habitat est déterminé par certains facteurs prioritaires : la nature du sol, une pente douce facilitant l’extraction des déblais, un couvert forestier assurant fraicheur et discrétion, des prairies environnantes et un point d’eau procurant les ressources alimentaires. Le terrier comporte un certain nombre de trous appelés « gueules ». Il l’agrandit chaque année en creusant de nouvelles bouches d’entrées. Occupés de génération en génération, certains d’entre eux peuvent compter plusieurs dizaines de « gueules », formant ainsi de véritables cathédrales souterraines.
Les galeries peuvent descendre jusqu’à 4 ou 5 mètres de profondeur et former de véritables labyrinthes interrompus par des chambres servant de dortoirs ou de mises bas. Elles sont tapissées de litières d’herbes sèches, de feuilles ou de mousses qui sont changées régulièrement. En évacuant les déblais à reculons, le blaireau creuse un large sillon à la sortie appelé « toboggan » ou « gouttière ».
Comme il n’utilise pas toutes les parties de son terrier, le blaireau tolère, parfois, la cohabitation avec une renarde ou des lapins de garenne. Les terriers secondaires, de taille plus modeste, ne sont utilisés que de manière temporaire comme refuge, lieu de repos ou par un individu chassé du terrier principal.
Le blaireau étant un animal propre, il fait ses besoins en dehors des terriers. Il creuse de petits trous en forme d’entonnoir appelés « latrines » et y dépose ses crottes. Certaines latrines servent de marquage à la périphérie du territoire. Le blaireau vit généralement en clans familiaux, mais il peut adopter une vie en solitaire ou en couple en fonction de la qualité de l’habitat et des densités de population.
La prudence d'abord !
Crépusculaire et nocturne, compère Tesson (ancien mot désignant le blaireau) témoigne, généralement, d’une extrême prudence au moment de quitter son terrier. Pendant de longues minutes, il flaire le pourtour de l’entrée à la recherche de la moindre odeur suspecte et scrute les alentours. Une fois dehors commence alors la séance de nettoyage et d’épouillage de sa fourrure.
Un régime alimentaire varié
Le blaireau est omnivore et opportuniste. Il se nourrit de tout ce qu’il trouve lors de ses expéditions nocturnes. Ce n’est pas un chasseur, mais plutôt un cueilleur. Les lombrics sont sa nourriture préférée. Il peut en consommer jusqu’à 100 kilos par an. Son alimentation est, malgré tout, très variée : insectes, batraciens, mollusques, campagnols, fruits, céréales, champignons.
En hiver, le blaireau n'hiberne pas mais il réduit fortement son activité, vivant sur les réserves de graisse accumulées pendant l'automne.
Blaireautin deviendra grand
C’est durant les 3 premiers mois de l’année que la blairelle connait sa période de fécondation principale. Cependant, fait étonnant, les blaireaux peuvent s’accoupler tout au long de l’année. Une femelle peut donc s’accoupler avec plusieurs mâles à des périodes différentes.
Le cycle reproductif comprend une implantation différée de l’embryon dans l’utérus pouvant atteindre 10 mois, appelée « diapause embryonnaire ». La vraie gestation dure environ 7 semaines.
En février ou mars, la blairelle met au monde 2 à 5 blaireautins. À la naissance, il sont aveugles et sourds et ne pèsent que 100 gr environ. Ils seront allaités pendant 3 mois avant d’être sevrés progressivement.
À 2 mois, ils effectuent leurs premières sorties en restant à proximité du terrier. Ils se livrent alors à des courses poursuites, entament des simulacres de combats, se mordillent, se disputent. Plus tard, ils accompagneront leur mère à la recherche de nourriture avant de se débrouiller seuls.
La mortalité des jeunes avoisine les 50% durant la première année, et 25% des adultes périssent chaque année. Le blaireau peut vivre 15 ans. En milieu naturel, la durée de vie excède cependant rarement 5 ou 6 ans.
Le trafic routier constitue la cause de mortalité principale. Le blaireau est également sensible à la tuberculose bovine transmise par le bétail présent dans les prairies. Il peut être aussi affecté par des maladies virales et parasitaires qui finissent par l’affaiblir et provoquer sa mort.
En Belgique, la chasse est interdite depuis 1973 et l’espèce est protégée depuis 1992. L’annexe 3 du Décret wallon du 6/12/2001 interdit l’usage des collets, le dérangement et la destruction des terriers.
Source: le blaireau d'Eurasie, Emmanuel Do Linh San